Au fil des années, j’ai passé des heures et des heures sur les sites de département d’immigration autant pour l’Australie que les Etats-Unis. Et je peux vous dire que c’est ennuyeux à mourir. Ils sont en général mal fichus, utilisent un langage légal à peine compréhensible, et il est facile de passer à côté d’un visa qui conviendrait mieux à son cas. Mais, à moins d’embaucher un avocat d’immigration, c’est un peu un passage obligé, et on ne peut pas se baser sur son voisin, chaque cas est unique. D’ailleurs, parmi tous mes amis expats à New York, il y en a très peu qui ont le même visa. Et puis, bien sûr, il y a toujours la possibilité de s’expatrier au sein de l’Europe. On ne s’en rend pas forcément compte, mais pouvoir aller vivre en Espagne, en Suède ou en Grande-Bretagne avec un minimum de paperasse est une vraie chance que beaucoup de non-européens nous envient.
Sauf que voilà, s’expatrier, cela demande un travail énorme. Pour partir en stage à Amsterdam, j’ai passé six mois à envoyer des candidatures en Suède, au Danemark et aux Pays-Bas (je faisais une fixation sur les pays nordiques, au cas où vous n’aviez pas remarqué), tout en préparant mes arrières et en postulant aussi à des stages sur Paris. J’ai persisté encore et toujours, y consacrant tout mon temps libre (en dernière année de master avec deux petits boulots à côté), malgré les réponses négatives (quand il y avait une réponse tout court). Finalement, je n’ai obtenu mon stage qu’en harcelant presque la seule et unique personne qui m’avait dit qu’il avait peut-être éventuellement une possibilité au sein de son agence.
Pour Melbourne, j’ai préparé mon visa des mois à l’avance, bien avant de partir. Et une fois sur place, j’ai passé des week-ends entiers à construire mon dossier. Vous pouvez lire mes péripéties ici.
Notre déménagement à New York, ça a été un an de travail. Je dis “de travail” car c’est exactement ça, un boulot presque à temps plein : vendre ses meubles et la majorité de ses affaires, recueillir des devis pour les déménageurs internationaux, étudier toutes les possibilités de visa et prendre des décisions importantes très rapidement pour pouvoir les obtenir, boucler sa vie entière dans un pays, et déjà la construire dans un autre. Sans parler du fait que pendant six mois, on a oscillé entre deux choix, Paris et New York, et que cela a probablement été une des décisions les plus difficiles à prendre, les deux options présentant de gros inconvénients (et des avantages, aussi, bien évidemment).
Alors, quand une copine m’a envoyé un email le lendemain de ses 31 ans, pour me dire que cela fait longtemps qu’elle pensait à partir un an en Australie et qu’elle aimerait que je la conseille* sur le visa vacance-travail**, j’ai eu du mal à le croire. A deux jours près, elle avait raté la date butoir pour l’obtenir, tout ça parce qu’il ne lui était pas venu à l’esprit de se renseigner avant.
J’en reçois de temps en temps, des emails de ce genre. Souvent, il y a une petite phrase du genre “tu as tellement de chance d’avoir pu le faire, toi !” et ma réaction est toujours la même. Partir à l’étranger est la meilleure chose qui me soit arrivée, et je le conseille vivement à tous ceux qui y pensent. Mais non, ce n’est pas une chance. Il n’y a rien de bien chanceux dans le fait de partir vivre à l’étranger. Il faut savoir saisir les opportunités, être prêt à faire des sacrifices, et souvent bosser dur pour monter son projet.
A suivre…
Ah, tes paroles sont du miel a mes oreilles.
Ben oui, l'expatriation, c'est du boulot! On ne le dit pas assez souvent! Et effectivement, il ne tient qu'aux gens de sortir du fantasme et de sauter le pas. Mais ca reclame de sortir de sa zone de confort et ca c'est pas si simple a faire.
Merci pour ton com, Anna !
Depuis que je suis ici, je n'ai jamais autant valorise l'Union Europeene et la zone economique commune. Pouvoir partir du jour au lendemain dans un autre pays membre est une chance inouie pour notre generation. Bien sur il reste des barrieres : comptes en banque, assurances, langues, impots,… Mais cela reste une blague par rapport aux vrais demarches d'immigration.
Tout a fait d'accord aussi sur le refrain “tu as beaucoup de chance”. Moi, je cumule New York et la vie de danseur. Clairement, tout le monde peut choisir de danser professionnellement. Ce sont des annees de travail plus que de la chance. Mais le mythe persiste…
Je ne peux qu'être d'accord avec toi… Pour moi chance est plus synonyme de hasard, et je trouve que c'est un mot que l'on utilise un peu trop librement !